La maladie coeliaque, aussi appelée intolérance au gluten, est une pathologie fréquente mais encore trop souvent méconnue. Elle se caractérise par une intolérance permanente au gluten, protéine présente dans le blé, le seigle et l’orge.
Cette intolérance entraîne une inflammation de la muqueuse de l’intestin grêle et une malabsorption des nutriments.
Non diagnostiquée et non traitée, la maladie coeliaque peut conduire à des carences et avoir des conséquences graves. Heureusement, il est possible de suivre un régime complet sans gluten pour permettre à l’intestin de guérir. Explications.
Qu’est-ce que la maladie coeliaque ?
La maladie coeliaque, également connue sous le nom d’intolérance au gluten, est une maladie auto-immune chronique qui se caractérise par une intolérance permanente au gluten. Le gluten est une protéine que l’on retrouve dans certaines céréales comme le blé, le seigle et l’orge.
Chez les personnes atteintes de la maladie coeliaque, l’ingestion de gluten entraîne une réaction immunitaire anormale qui endommage la paroi de l’intestin grêle. Cette inflammation chronique de l’intestin grêle provoque une malabsorption des nutriments (lipides, glucides, protéines, vitamines et minéraux).
En résumé, la maladie coeliaque est une affection chronique dans laquelle le système immunitaire réagit de manière excessive au gluten et détruit la muqueuse de l’intestin grêle, ce qui perturbe l’absorption des nutriments.
Quels organes sont touchés par la maladie coeliaque ?
La maladie coeliaque touche principalement l’intestin grêle, et plus particulièrement la muqueuse de l’intestin grêle. L’intestin grêle est la partie centrale du tube digestif, située entre l’estomac et le gros intestin.
Lorsque la muqueuse de l’intestin grêle est endommagée par la réaction inflammatoire, elle n’arrive plus à absorber correctement les nutriments issus de l’alimentation. Cela peut entraîner des carences nutritionnelles.
D’autres organes peuvent également être touchés par la maladie coeliaque de façon indirecte, notamment le foie, les reins, les os ou la peau. En effet, les carences nutritionnelles résultant de la malabsorption intestinale peuvent avoir des conséquences sur le fonctionnement de ces organes.
Est-ce une maladie fréquente ? Les chiffres clés
La maladie coeliaque est une maladie fréquente, même si elle reste encore sous-diagnostiquée. On estime qu’elle touche environ 1% de la population générale dans la plupart des pays. Cependant, seul un faible pourcentage des personnes atteintes sont diagnostiquées, notamment car les symptômes sont parfois discrets ou attribués à d’autres causes.
Quelques chiffres clés :
- Prévalence estimée : environ 1% de la population mondiale, soit près de 80 millions de personnes.
- Seulement 10 à 20% des cas sont diagnostiqués.
- 4 femmes pour 1 homme.
- Peut survenir à tout âge, mais souvent découverte entre 30 et 50 ans.
- Prévalence plus élevée chez les sujets à risque : diabète de type 1, maladie de la thyroïde auto-immune, syndrome de Down, déficit immunitaire.
En résumé, bien que largement répandue, la maladie coeliaque est encore sous-diagnostiquée. Une meilleure connaissance de cette maladie permettrait d’améliorer son dépistage et sa prise en charge.
Quels sont les symptômes de la maladie coeliaque ?
Les symptômes de la maladie coeliaque sont très variables d’une personne à l’autre. Ils peuvent être digestifs, liés à la malabsorption intestinale, mais également extra-digestifs en cas d’atteinte d’autres organes.
Les symptômes digestifs à reconnaître
Au niveau digestif, les symptômes les plus fréquents sont :
- Diarrhées et selles molles, parfois grasses et malodorantes
- Ballonnements et flatulences
- Douleurs ou crampes abdominales
- Météorisme et distension abdominale
- Perte d’appétit et sensation de rassasiement précoce
- Fatigue chronique et asthénie
- Perte de poids inexpliquée
Ces troubles digestifs sont liés à l’inflammation de la muqueuse intestinale qui perturbe l’absorption des nutriments. Ils sont intermittents ou persistants selon les personnes.
Les autres symptômes extra-digestifs
D’autres signes, non digestifs, peuvent révéler la maladie coeliaque :
- Carence en fer avec anémie
- Ostéoporose et fractures osseuses
- Troubles de la fertilité et fausses couches
- Retard de croissance chez l’enfant
- Troubles neurologiques : anxiété, dépression, migraines…
- Manifestations cutanées : dermatite herpétiforme
Ces symptômes sont la conséquence des carences nutritionnelles et de l’atteinte d’autres organes par la maladie coeliaque. Leur apparition doit conduire à réaliser des examens diagnostiques spécifiques.
Quelles sont les causes et facteurs de risque ?
La cause principale de la maladie coeliaque est une intolérance immunitaire au gluten. Cependant, différents facteurs génétiques et environnementaux interviennent dans le déclenchement de la maladie.
Le gluten, cause principale
La consommation de gluten est la cause directe des lésions intestinales inflammatoires chez les sujets prédisposés génétiquement. Le gluten se trouve dans certaines céréales comme le blé, le seigle, l’orge et l’avoine.
Chez les personnes sensibles, les protéines du gluten sont reconnues comme des agents « étrangers » par le système immunitaire. Cela provoque une réaction inflammatoire chronique au niveau de l’intestin grêle, à l’origine des symptômes.
Les facteurs génétiques de prédisposition
La maladie coeliaque est associée à des variants génétiques particuliers, notamment :
- Les allèles HLA-DQ2 et DQ8 présents chez plus de 95% des malades
- Des variants de certains gènes impliqués dans l’immunité intestinale
Ces facteurs génétiques créent une prédisposition à développer une réaction auto-immune au gluten. Toutefois, ils ne suffisent pas à eux seuls à déclencher la maladie qui nécessite aussi une exposition au gluten.
D’autres facteurs environnementaux peuvent favoriser le développement de la maladie chez les sujets prédisposés génétiquement : infections digestives, stress important, chirurgie abdominale, accouchement…
Comment diagnostiquer la maladie coeliaque ?
Le diagnostic de la maladie coeliaque repose sur plusieurs examens médicaux complémentaires, notamment des analyses sanguines spécifiques et une endoscopie digestive avec prélèvements de biopsies.
Les analyses sanguines spécifiques
Des analyses sanguines permettent de rechercher :
- Des auto-anticorps caractéristiques de la maladie : anti-transglutaminase, anti-endomysium et anti-gliadine.
- Une carence en fer, folates et vitamine B12 témoignant d’une malabsorption.
La présence simultanée d’auto-anticorps positifs et de carences nutritionnelles oriente fortement vers le diagnostic. Néanmoins, des examens complémentaires sont nécessaires pour le confirmer.
L’endoscopie digestive avec biopsies
L’examen de référence est une endoscopie de l’intestin grêle (gastroscopie) avec prélèvements de petits fragments de muqueuse (biopsies) au niveau duodénal.
L’analyse des biopsies intestinales au microscope permet de mettre en évidence les lésions caractéristiques de la maladie coeliaque : atrophie des villosités et infiltration lymphoplasmocytaire.
En cas de doute, le diagnostic peut être confirmé par analyse génétique ou par la réalisation d’un régime d’épreuve sans gluten.
Ainsi, le diagnostic de certitude de la maladie coeliaque repose sur un faisceau d’arguments cliniques, biologiques et histologiques.
Quel est le traitement pour la maladie coeliaque ?
Le seul traitement efficace de la maladie coeliaque est l’instauration et le maintien strict à vie d’un régime sans gluten. Il doit être complété par un traitement des carences associées.
Le régime sans gluten strict à vie
Le régime sans gluten doit être draconien et définitif. Il exclut toutes les céréales contenant du gluten : blé, seigle, orge et avoine.
Tous les aliments dérivés de ces céréales sont proscrits : pain, pâtes, semoule, biscuits, gâteaux, bières, farines, etc. Le gluten caché dans les aliments transformés doit aussi être évité.
Ce régime strict permet à la muqueuse intestinale de guérir et aux symptômes de régresser. Un suivi diététique est indispensable pour éviter les erreurs et les contaminations involontaires.
La suppression des carences associées
La malabsorption intestinale entraîne souvent des déficits en fer, calcium, vitamine B9, vitamine B12, vitamine D…
Un traitement d’apport par supplémentation ou alimentation adaptée permet de combler ces carences nutritionnelles et d’éviter leurs complications.
Une surveillance biologique régulière est nécessaire pour s’assurer de l’absence de carences durant le suivi.
Ainsi, le traitement repose sur le régime et la correction des déficits induits. Un suivi médical et diététique régulier est indispensable.
Quelles sont les complications possibles ?
Sans traitement adapté, la maladie coeliaque peut entraîner de nombreuses complications à court et long terme liées à la malabsorption intestinale chronique et aux carences associées.
Complications en cas de non traitement
En l’absence de régime sans gluten, les complications possibles sont :
- Dénutrition sévère
- Anémie ferriprive
- Ostéoporose et ostéomalacie
- Infertilité, fausses couches à répétition
Ces complications résultent directement de la malabsorption des nutriments par l’intestin lésé et inflammatoire.
Les risques à long terme
A long terme, la maladie coeliaque non traitée accroît le risque de :
- Cancers digestifs : lymphome, cancer du tube digestif
- Maladies auto-immunes : diabète de type 1, thyroïdite
- Déficits immunitaires
- Maladies neurologiques et psychiatriques
Le maintien d’une inflammation intestinale chronique favorise ces pathologies, d’où l’importance d’un diagnostic et d’une prise en charge précoces.
Comment suivre un régime sans gluten ?
Suivre un régime sans gluten strict nécessite de bien connaître les aliments autorisés et interdits, et de lire attentivement les étiquettes alimentaires.
Les aliments à éviter absolument
Sont proscrits :
- Le blé, le seigle, l’orge, l’avoine et toutes leurs dérivés
- Les pains, biscottes, pâtes, pâtisseries, gâteaux, madeleines, cookies contenant ces céréales
- L’orge et le malt utilisés dans la bière
- Les plats préparés, sauces, soupes, frites, panures…
Les aliments autorisés
Peuvent être consommés :
- Riz, maïs, sarrasin, quinoa, amarante, châtaigne
- Viande, poisson, œufs
- Fruits et légumes
- Laitages, fromages
- Huiles, beurre
Lire attentivement les étiquettes
Il est indispensable de lire les étiquettes des aliments transformés pour vérifier l’absence de gluten caché : amidon modifié, sirop de glucose, arômes… Mieux vaut privilégier le « fait maison ».
Les aliments spécialement certifiés « sans gluten » offrent des garanties supplémentaires. Un suivi diététique aide à acquérir les bons réflexes.
Vivre avec la maladie coeliaque : les conseils
Bien que contraignant, il est possible de vivre normalement avec la maladie coeliaque en adaptant son alimentation et son mode de vie.
Adapter son alimentation au quotidien
Quelques astuces pour faciliter le quotidien :
- Cuisiner ses plats soi-même en utilisant des ingrédients naturels
- Éviter les aliments préparés, sauces, soupes, plats cuisinés
- Vérifier systématiquement les étiquettes en faisant les courses
- Choisir les aliments certifiés « sans gluten »
- Se renseigner sur les restaurants ou traiteurs proposant des plats garantis sans gluten
Gérer les risques de carences
Pour prévenir les carences :
- Consommer des aliments riches en fibres, fer, calcium et vitamines
- Prendre les compléments alimentaires conseillés par le médecin
- Réaliser régulièrement les bilans sanguins prescrits
Trouver des associations de soutien
Il existe des associations de patients atteints de maladie coeliaque proposant :
- Informations sur l’alimentation et la vie quotidienne
- Recettes et idées de repas sans gluten
- Listes d’aliments autorisés
- Forums et entraide entre patients
Le soutien et le partage d’expérience sont précieux pour suivre au mieux le régime gluten free.
La recherche sur la maladie coeliaque
La recherche médicale progresse pour mieux comprendre la maladie coeliaque et développer de nouvelles approches thérapeutiques ainsi que des outils diagnostiques améliorés.
De nouveaux traitements à l’étude
Des traitements alternatifs au régime sans gluten strict sont explorés :
- Médicaments pour restaurer la tolérance au gluten
- Vaccins contre les protéines du gluten
- Modification génétique du blé pour le rendre non toxique
- Traitements par microbilles empêchant l’absorption du gluten
Mais ces pistes en sont encore au stade préclinique ou clinique précoce.
Vers de meilleurs diagnostics
La recherche vise aussi à améliorer les outils de diagnostic de la maladie :
- Nouveaux tests sanguins plus sensibles et non invasifs
- Tests génétiques avancés
- Capsule endoscopique pour explorer l’intestin
- Dépistage néonatal chez les enfants à risque
Ces avancées permettront un diagnostic toujours plus précoce, avant l’apparition de complications.
Ainsi, les perspectives sont prometteuses pour améliorer la prise en charge des patients cœliaques.