La découverte d’une grossesse molaire peut être une épreuve difficile et angoissante pour de futures mamans. Cette anomalie de la grossesse, encore mystérieuse à bien des égards, nécessite une prise en charge médicale rapide et un suivi attentif. Pourtant, avec un dépistage précoce et un traitement adapté, l’évolution est favorable dans la grande majorité des cas.
Dans cet article, nous vous proposons de mieux comprendre ce qu’est une grossesse molaire, quels sont ses symptômes, ses causes et ses risques. Nous aborderons également les moyens de la diagnostiquer et de la traiter, ainsi que les conseils pour prévenir son apparition. Enfin, nous évoquerons le pronostic d’une telle grossesse et les possibilités de mener à bien une grossesse future après une môle.
Qu’est-ce qu’une grossesse molaire exactement ?
La grossesse molaire est une anomalie de la grossesse qui survient au cours des premiers mois. Elle est due à une anomalie chromosomique au moment de la fécondation et se caractérise par une prolifération anormale du placenta.
Définition simplifiée du phénomène
Plus simplement, une grossesse molaire correspond à la formation de kystes au niveau du placenta, qui envahissent alors progressivement l’utérus. Ces kystes proviennent en réalité de cellules trophoblastiques qui prolifèrent de manière excessive.
Il existe deux types principaux de grossesses molaires :
- La môle complète : le placenta se développe de manière anarchique mais il n’y a pas d’embryon.
- La môle partielle : un embryon se forme mais son développement est stoppé par l’invasion des cellules trophoblastiques.
Dans les deux cas, il n’y a malheureusement pas de bébé viable. La grossesse molaire correspond donc à une fausse couche précoce atypique.
Les différents types de grossesses molaires
On distingue surtout :
- La môle complète, ou môle hydatiforme complète : elle représente 80% des grossesses molaires. Il y a prolifération diffuse des cellules trophoblastiques qui forment de nombreux kystes, sans présence d’embryon ni de fœtus.
- La môle partielle, ou môle hydatiforme partielle : un fœtus se développe de façon limitée mais son évolution est stoppée par l’invasion des cellules trophoblastiques. Cela représente 20% des grossesses molaires.
Plus rarement, on peut observer une môle invasive qui se caractérise par une invasion des tissus maternels par les cellules trophoblastiques. Cette forme représente moins de 1% des grossesses molaires mais est la plus grave.
Quelle que soit sa forme, une grossesse molaire ne mène jamais à la naissance d’un bébé viable et requiert une prise en charge adaptée.
Quelles sont les causes d’une grossesse molaire ?
Importance de l’âge maternel
L’âge de la femme est le principal facteur de risque de grossesse molaire. Ce risque augmente de manière significative chez les femmes de plus de 40 ans ou de moins de 20 ans.
Chez les femmes de plus de 40 ans, le risque de grossesse molaire est multiplié par 5 par rapport aux femmes entre 20 et 40 ans. Cela s’explique par une augmentation des anomalies chromosomiques liée au vieillissement des ovocytes.
Autres facteurs de risque identifiés
D’autres facteurs augmentent légèrement le risque de grossesse molaire :
- Les antécédents de fausse couche à répétition ou de grossesse molaire
- La prise de contraceptifs oraux
- Une alimentation carencée en caroténoïdes (précurseurs de la vitamine A)
- Le tabagisme
À l’inverse, avoir déjà eu des grossesses normales et prendre de l’acide folique en période pré conceptionnelle diminuent le risque de grossesse molaire.
Mais dans l’ensemble, les causes exactes des grossesses molaires restent mal comprises. Des facteurs génétiques et épigénétiques entrent probablement en jeu, ainsi que des anomalies chromosomiques au moment de la fécondation.
La plupart des grossesses molaires surviennent de manière imprévisible, sans facteur de risque particulier identifié. Seul le suivi médical pendant la grossesse permet de la diagnostiquer précocement.
Quels sont les symptômes d’une grossesse molaire ?
Saignements vaginaux anormaux
Les saignements vaginaux constituent le symptôme le plus fréquent d’une grossesse molaire. Il peut s’agir de saignements légers, modérés ou importants survenant le plus souvent durant le premier trimestre.
Ces saignements vaginaux sont généralement plus abondants que les « règles » habituelles. Ils sont dus à la présence des kystes placentaires qui se détachent de la paroi utérine.
Douleurs abdominales et nausées
Une grossesse molaire s’accompagne souvent de douleurs abdominales, de nausées et de vomissements, comme dans une grossesse normale mais de manière plus marquée.
Les douleurs abdominales sont liées à la distension de l’utérus provoquée par l’accumulation des kystes placentaires.
Les nausées et vomissements peuvent être aggravés par les taux élevés d’hormones de grossesse (hCG) sécrétées par le placenta molaire.
Absence de symptômes dans certains cas
Dans certains cas plus rares (20% environ), une grossesse molaire peut ne donner lieu à aucun symptôme particulier. Elle est alors découverte tardivement, lors d’une échographie de routine.
L’absence de symptômes ne signifie pas que la grossesse se déroule normalement. Une grossesse molaire diagnostiquée tardivement présente plus de risques de complications.
D’où l’importance d’un suivi régulier chez un gynécologue avec échographies pelviennes pour détecter précocement toute anomalie éventuelle.
Comment diagnostique-t-on une grossesse molaire ?
Examen clinique et échographie
Le diagnostic d’une grossesse molaire repose d’abord sur l’examen clinique réalisé par le médecin : interrogation sur les antécédents, les facteurs de risque, et recherche de symptômes (saignements, douleurs abdominales…).
Mais l’examen clé est l’échographie pelvienne. Elle met en évidence des kystes au niveau du placenta et l’absence d’embryon normalement développé.
Parfois, seul un examen échographique très précis permet de suspecter le diagnostic de grossesse molaire.
Analyses hormonales et anatomopathologiques
Le dosage sanguin de l’hormone hCG est également très utile. Un taux très élevé d’hCG, ne correspondant pas à l’âge supposé de la grossesse, oriente vers une grossesse molaire.
Mais le diagnostic de certitude est apporté par l’examen anatomopathologique des tissus utérins prélevés lors de l’aspiration (analyse des cellules au microscope).
Cet examen permet de distinguer une môle complète d’une môle partielle et de confirmer le diagnostic de manière formelle.
Grâce à ce bilan complet (clinique, échographique, biologique et anatomopathologique), une grossesse molaire peut être diagnostiquée de manière précoce et précise, ce qui est capital pour la prise en charge.
Quels sont les risques liés à une grossesse molaire ?
Risque de môle invasive
Dans de rares cas, estimés à 15% des môles complètes, les cellules trophoblastiques envahissent de façon anarchique les tissus extra-utérins.
On parle alors de môle invasive, ou de choriocarcinome, qui est la complication la plus redoutée. Elle peut engager le pronostic vital si elle n’est pas traitée.
Possibilité de dégénérescence cancéreuse
De manière exceptionnelle (moins de 5% des cas), une grossesse molaire peut évoluer vers une tumeur trophoblastique gestationnelle maligne, ou choriocarcinome.
Cette dégénérescence se manifeste le plus souvent dans l’année qui suit l’évacuation de la môle. D’où l’importance d’une surveillance accrue.
Heureusement, grâce au suivi rigoureux mis en place, l’évolution vers le choriocarcinome est devenue très rare dans les pays développés.
Le risque est plus élevé en cas de môle complète, chez les femmes de plus de 40 ans, et en cas d’antécédent de môle.
Mais dans l’ensemble, avec une prise en charge adaptée, le risque de complication grave est aujourd’hui inférieur à 5%. La grande majorité des grossesses molaires est totalement bénigne.
Il est cependant indispensable de suivre rigoureusement les recommandations médicales et de ne pas sous-estimer les signes évocateurs de complications nécessitant une réintervention.
Comment traite-t-on une grossesse molaire ?
Aspiration ou curetage de l’utérus
Le traitement de référence d’une grossesse molaire est l’aspiration des tissus anormaux présents dans l’utérus, par aspiration ou par curetage.
Cette intervention doit être réalisée rapidement après le diagnostic, en général avant la fin du 4ème mois, afin d’éviter les complications.
Elle se déroule le plus souvent sous anesthésie générale courte. L’hospitalisation est brève, de l’ordre de 1 à 2 jours.
Surveillance étroite après traitement
Après l’aspiration, une surveillance rapprochée est instaurée sur 6 à 12 mois :
- Contrôles réguliers du taux d’hCG pour s’assurer de sa négativation
- Échographies et radiographies pulmonaires pour dépister une éventuelle évolution invasive
- Contraception obligatoire durant cette période
En cas de persistance du taux d’hCG, de ré-ascension ou d’invasion, un traitement complémentaire médical ou chirurgical sera réalisé.
Grâce à ce suivi très rigoureux, l’immense majorité des grossesses molaires est définitivement guérie après le traitement initial.
Comment prévenir une grossesse molaire ?
Aucun moyen de prévention efficace à 100%
Malheureusement, il n’existe aucun moyen de prévenir de façon certaine l’apparition d’une grossesse molaire. Celle-ci survient le plus souvent de manière imprévisible.
Toutefois, certains conseils peuvent permettre de réduire légèrement le risque :
- Prendre de l’acide folique avant la grossesse
- Éviter une grossesse avant 20 ans ou après 40 ans
- Arrêter le tabac
Mais ces mesures restent malheureusement limitées. Il n’existe à l’heure actuelle aucun moyen de garantir à 100% l’absence de grossesse molaire.
Importance du suivi gynécologique
En revanche, la meilleure prévention réside dans un suivi gynécologique rigoureux, avec échographies précoces et régulières, permettant un diagnostic et une prise en charge rapides en cas de grossesse molaire.
Il est donc capital de consulter régulièrement son gynécologue pendant la grossesse, de signaler tout saignement ou symptôme anormal, et de réaliser toutes les échographies recommandées.
C’est le meilleur moyen de dépister une éventuelle grossesse molaire à un stade précoce, et de bénéficier d’une prise en charge optimale garantissant les meilleures chances d’évolution favorable.
Une grossesse est-elle possible après une môle ?
Délai d’attente recommandé
Après une grossesse molaire, il est recommandé d’attendre au moins 6 mois après normalisation du taux d’hCG avant d’envisager une nouvelle grossesse.
En effet, une grossesse trop précoce après une môle comporte un risque plus élevé de récidive.
Il est donc préférable de s’assurer de la guérison complète et de respecter une période de contraception d’au moins 6 mois avant d’arrêter la contraception.
Surveillance accrue lors d’une nouvelle grossesse
Une fois ce délai écoulé, une grossesse est tout à fait envisageable après une grossesse molaire. Elle nécessitera toutefois un suivi plus rapproché.
Le taux d’hCG sera surveillé attentivement pour dépister un éventuel nouvel épisode de môle. Des échographies régulières seront également réalisées.
Heureusement, le risque de récidive de môle hydatiforme ne dépasse pas 2% après un antécédent. La grande majorité des grossesses après une môle se déroule de façon tout à fait normale.
Il est donc tout à fait possible d’envisager sereinement une grossesse future après cet épisode, en suivant les recommandations médicales pour une prise en charge optimale.
Quel est le pronostic d’une grossesse molaire ?
Guérison complète dans la majorité des cas
Grâce aux progrès des techniques de dépistage et de prise en charge, le pronostic des grossesses molaires est aujourd’hui excellent dans la grande majorité des cas.
Après évacuation de la môle et surveillance adaptée, plus de 98% des patientes sont définitivement guéries et peuvent envisager une grossesse future sans risque particulier.
Le taux de complications (môle invasive, gestion trophoblastique persistante, choriocarcinome) a considérablement diminué ces dernières années et ne concerne plus que 1 à 2% des grossesses molaires.
Importance du dépistage précoce
Cette nette amélioration du pronostic est due aux progrès du dépistage précoce par échographie et au dosage de l’hCG.
Plus la grossesse molaire est diagnostiquée et prise en charge tôt, plus les risques de complications graves sont faibles.
D’où l’importance cruciale d’un suivi gynécologique régulier pendant la grossesse, avec réalisation des échographies recommandées, pour optimiser le pronostic en cas de môle.
Avec un tel suivi, une grossesse molaire bien prise en charge n’compromet pas les chances de grossesses futures et ne laisse dans la grande majorité des cas aucune séquelle à long terme.
Où s’informer et se faire aider ?
En parler à son gynécologue
Le médecin gynécologue doit toujours être le premier interlocuteur pour obtenir des informations fiables sur la grossesse molaire et sa prise en charge.
N’hésitez pas à poser toutes vos questions, même les plus sensibles, à votre gynécologue. Son rôle est de vous apporter des réponses précises adaptées à votre situation.
Il pourra aussi vous orienter vers des consultations plus spécialisées si nécessaire, et assurer la coordination avec d’autres spécialistes (chirurgien, oncologue, psychologue…) pour une prise en charge globale.
Associations de patientes et forums de discussion
Il existe également des associations de patientes ayant vécu une grossesse molaire. Le partage d’expérience peut être précieux.
Certains forums de discussion sur internet permettent aussi d’échanger avec d’autres femmes concernées. Mais attention à bien veiller à la fiabilité des informations publiées.
Dans tous les cas, ces sources complémentaires ne doivent pas se substituer à l’avis de votre gynécologue qui connaît votre situation médicale précise et est le mieux placé pour vous conseiller sur votre prise en charge personnalisée.
N’hésitez pas à aborder avec lui toutes vos interrogations pour obtenir le soutien et les réponses adaptées dont vous avez besoin.
FAQ
La grossesse molaire est-elle dangereuse pour la mère ?
Non, avec une prise en charge adaptée, il n’y a pas de danger vital pour la mère.
Peut-on prélever des cellules souches de sang de cordon en cas de grossesse molaire ?
Non, il n’y a pas de sang de cordon à prélever dans une grossesse molaire.
Que ressent-on physiquement en cas de grossesse molaire?
Possible douleurs abdominales, saignements vaginaux, nausées importantes.
Une grossesse molaire peut-elle évoluer vers un cancer ?
Oui mais c’est très rare grâce au dépistage et suivi précoce.
Peut-on allaiter après une grossesse molaire?
Oui, après guérison complète, l’allaitement est possible.
Une grossesse molaire est-elle visible à l’échographie ?
Oui, l’échographie permet de visualiser les kystes placentaires.
La grossesse molaire rend-elle stérile ?
Non, la fertilité n’est pas altérée après traitement d’une grossesse molaire.